Par le pôle journalisme
Le Népal, petit État enclavé entre la Chine et l’Inde, connaît depuis septembre 2025 une profonde secousse politique et sociale. Ce pays himalayen, marqué par des décennies d’instabilité et de corruption, a vu sa jeunesse se soulever face à un pouvoir jugé autoritaire et déconnecté. Ce mouvement inédit, porté par la Génération Z (née entre 1997 et 2012), a provoqué la chute du gouvernement et ouvert une nouvelle page de l’histoire politique népalaise. Retour sur une révolution numérique et citoyenne née d’un ras le bol généralisé.
Un peu de contexte :
Dans les années 1990, le Népal connaît d’importants problèmes économiques, une grande pauvreté et des inégalités. Cela va conduire le pays à une guerre civile qui fera 17 000 morts et au dépôt de la monarchie en 2008 avec l’abdication du Roi Gyanendre. L’adoption d’une République fédérale démocratique est votée la même année. Depuis lors, la situation ne s’est pas arrangée et le Népal a connu crisepolitique sur crise politique. 14 premiers ministres se sont succédés en 17 ans. Le pays était dirigé depuis 2024 par KP Sharma Oli, chef du parti communiste et chef de la coalition de gauche. Les services publics sont déficients, et les infrastructures sont de piètre qualité. Entre 2008 et 2025, 2 millions de Népalais ont fui le chômage et la pauvreté en allant s’installer dans les pays voisins, notamment en Chine et en Inde. Ce qui a également contribué aux manifestations de début septembre, c’est le fait que les élites népalaises ont coutume d’exhiber leurs vacances à l’étranger, le luxe de leurs vêtements et leur train de vie mondain. Ils ont été surnommés les “népobabies”. Ce néologisme vient des mots népotisme et baby. C’est de cette façon sarcastique que les népalais appellent les élites du pays. C’est dans ce climat de défiance et de colère que se sont déroulées les manifestations du 8 et 9 septembre 2025.
Les faits :
Le 8 et le 9 septembre dernier, Katmandou, la capitale du Népal a connu d’importantes manifestations qui ont renversé le gouvernement qui était en place depuis 2024. Le 4 septembre, le gouvernement décide d’interdire 26 réseaux sociaux : c’était la limite à ne pas franchir pour les népalais. En réaction, les Katmandais sont descendus dans les rues pour protester contre cette décision. Face à ces mobilisations, les forces de l’ordre ont ouvert le feu sur les manifestants tuant plusieurs d’entre eux. La mort de plusieurs jeunes manifestants, alimenté par les excès du pouvoir, ont contribué à renforcer le nombre de manifestations à travers le pays. Les Népalais dénoncent la corruption et le népotisme qui touchent la classe dirigeante du Népal depuis de nombreuses années. Le mouvement à l’origine de ces manifestations se fait appeler Génération Z, ce nom fait référence aux personnes nées entre 1997 et 2012. C’est donc un mouvement porté par la jeunesse népalaise. Le Parlement et la Cour suprême, des institutions politiques importantes du pays, ont été envahis et incendiés, et le Premier ministre KP Sharma Oli a été contraint à la démission. Mais qu’est-ce qui a réellement poussé les Népalais à la révolution ?
Dès lors, quel avenir pour le Népal ?
À l’issue des manifestations, Sushila Karki, ancienne juge de la Cour Suprême a été nommée Première ministre par intérim dans l’attente de l’organisation d’élections législatives. Cette accession au pouvoir, souhaitée par le mouvement Génération Z suscite depuis un nouvel espoir pour la jeunesse népalaise. En effet, dans un pays où 20% des jeunes de 15 à 24 ans sont au chômage selon les chiffres de la Banque mondiale, les attentes politiques et économiques sont énormes. “Pour l’avenir, nous pensons que les futurs dirigeants du Népal doivent être libres de toute affiliation à un parti politique.” Cette déclaration de Génération Z dans un communiqué de presse, démontre le dégoût de la jeunesse pour la classe dirigeante et la volonté de changement. Les élections prévues au printemps prochain sont très attendues et sont gages d’espérance pour les népalais.


