La politique ça concerne aussi les jeunes !

Caroline De Boisset et Jad Zahab, étudiants de Sciences po Lille, ont crée le Parlement des Etudiants, désormais dupliqué aux quatre coins de France. Un franc succès montrant l’appétence des jeunes pour la chose politique !

Retracez votre parcours, d’où venez vous, quels ont été vos choix d’orientation ? Dans quelle optique ? Pourquoi Sciences po ?

Jad : J’ai grandi à Montpellier. Après un Bac S et une année d’hypokhâgne AL (CPGE littéraire), je suis rentré à Sciences Po Lille en première année. J’ai toujours été passionné par la politique, et cette école offrait l’opportunité la plus affirmée de mieux comprendre le fonctionnement de la politique. Actuellement, étudiant en troisième année, je suis en stage à Washington DC dans un think tank, ce qui me permet de saisir les réalités de la société américaine et de la façon dont fonctionnent au quotidien les institutions de la première puissance.

Caroline : J’ai toujours vécu à Paris excepté mon année de seconde que j’ai effectuée dans un lycée en Allemagne. J’ai fait un bac ES avec double diplôme franco-allemand. Directement après le bac j’ai intégré Sciences Po Lille. Pour moi les études de Sciences Politique ont toujours été une évidence. Sciences Po apporte une ouverture formidable sur le monde. C’est aussi une culture générale importanteCaroline de Boisset qui nous permet de mieux appréhender les questions d’actualités, en dépassant les argumentaires partisans pour aborder les détails techniques qui font toute la complexité des débats qui agitent notre société. Actuellement je suis en stage en Autriche car l’Allemand et les pays germanophones restent pour moi une priorité, pour un stage de 6 mois à Ubifrance, c’est un département commercial de l’ambassade qui aide les startup françaises à s’implanter à l’étranger. Ce travail très concret permet d’être au plus proche du monde de l’entreprise, ses contraintes et avantages et untravail de veille économique nous permets de mieux comprendre le fonctionnement des sociétés de la zone alémanique.

Comment avez-vous eu cette idée du parlement des étudiants ? Et comment lavez-vous concrétisée : combien d’étudiants parties prenantes ? Financement ? Aides extérieures (prof, élus…) ?

Nous sommes partis d’un constat commun qu’il manquait à Sciences Po Lille une structure où l’ensemble des étudiants pouvait débattre de l’actualité politique de la France, et exprimer leurs idées. Suite à cela nous avons eu l’idée de créer ce projet, qui s’est d’abord appelé « Assemblée nationale des Etudiants – Sciences Po Lille ». De novembre à avril, des simulations mensuelles ont été organisées à Sciences Po Lille rassemblant en moyenne une centaine d’étudiants, pour débattre sur des thèmes divers et variés : la transition écologique, la prostitution, le code du travail, la révolution fiscale… Pour clôturer la première année bien remplie, nous avons été invités, par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, à siéger au Palais Bourbon ! L’administration de l’IEP et l’équipe pédagogique nous ont soutenu depuis le début de l’initiative, ce qui, conjugué au soutien du Président de l’Assemblée nationale et de la majorité des groupes parlementaires de l’Assemblée, a conduit au succès de l’initiative.

Le principe en quelques mots

Le principe est simple : le Parlement des Etudiant organise des simulations des séances parlementaires. Ces simulations permettent aux étudiants de jouer le rôle des parlementaires tout en débattant de thématiques qui font l’actualité de la France. L’objectif de cette initiative est de sensibiliser les étudiants au débat démocratique et rappeler que la politique concerne aussi les jeunes. Nos simulations mensuelles, organisées dans toutes nos sections (au nombre de neuf), ont un règlement commun calqué le plus fidèlement possible sur le règlement de l’Assemblée nationale.

Concrètement, comment cela se passe ? Qui peut participer ? Doit-on s’inscrire, se préparer ?

Concrètement, les étudiants se répartissent libéralement selon les groupes politiques représentés à l’Assemblée et au Sénat. Ils sont chargés d’étudier une proposition de loi faite par l’un des groupes qui est dit « majoritaire » (tiré préalablement au sort), de l’amender et le faire évoluer en une « hypothétique » loi. Tous les étudiants des villes où sont implantées nos sections peuvent participer, quels que soit le domaine de leurs études. Ainsi, à Lille, Rennes, Strasbourg, Amiens, Versailles, Aix-en-Provence, Montpellier, Perpignan et Toulouse, nos sections organisent des simulations les plus ouvertes possibles à tous les étudJad Zahabiants de la région.

Les retours des étudiants : combien sont inscrits ? Sont-ils satisfaits ? Quest ce que cela leur apporte ?

Nous accueillions mensuellement, lors de simulations, environ une centaine d’étudiants. Les témoignages d’étudiants que nous avons recueillis sont généralement très positifs : l’impression de vivre la vie haletante de leurs élus, l’emballement suscité par l’appartenance à un groupe, l’engouement du travail en équipe et de la confrontation des idées et projets plaisent beaucoup. Nos simulations familiarisent les étudiants avec les mécanismes législatifs et politiques de la Vème Rep. Ces simulations sont avant tout l’occasion pour ces étudiants de se pencher en profondeur sur les débats d’actualité et de s’entrainer à la prise de parole dans le cadre d’un débat régi par des règles strictes. Mais le Parlement de Etudiants est avant tout un lieu où les étudiants peuvent rappeler que même lorsqu’on est jeune, on peut avoir, sur des questions d’actualité des avis fondés et réfléchis ! Ces avis montrent que les jeunes méritent d’être écoutés comme des citoyens à part entière. Les jeunes s’intéressent à la politique et ont leur mot à dire !

Cela a pris rapidement dans dautres villes ! Une vraie attente ? Et pour la suite ?

Le format des débats que nous proposons était une première en France,  il présente un double intérêt pour les étudiants : il allie à la fois la forme, c’est-à-dire le « jeu de rôle », avec les prises de parole, la logique de groupe, mais également et surtout le fond, c’est-à-dire un vrai débat d’idées sur de vrais sujets qui font l’actualité et parfois même polémiques. Nous sommes heureux d’avoir réussi à susciter, dans les villes où nos sections se sont crées, une vraie dynamique et un enthousiasme. Nous avons aujourd’hui un Bureau national qui  travaille activement avec nos sections pour « transformer l’essai lillois » en une institution implantée dans toute la France qui puisse rassembler toujours plus d’étudiants.

Nous ne sommes qu’au début de l’aventure, le premier objectif est de faire connaître au plus grand nombre d’étudiants possible notre initiative, pour permettre de se rapprocher de nos sections et prendre part au débat ! Pour cette année notre grand projet c’est de pouvoir rassembler tous ces étudiants pour une grande simulation finale, nous y travaillons déjà, nous mettrons tout en place pour que ce projet réussisse.

Personnellement, qu’est ce que cela vous apporte ?

C’est une véritable aventure personnelle, un challenge permanent que de voir se concrétiser un projet comme celui-ci. Nous sommes heureux que des centaines d’étudiants s’approprient le Parlement des Etudiants pour en faire leur lieu de débat et d’échange. Nous apprenons beaucoup, notamment à travailler avec la presse, travailler en partenariat les sections, manier les relations humaines, nouer des contacts avec les institutions de notre République, les députés, sénateurs, ministres… c’est un travail (bénévole) à plein temps, mais qui est très enrichissant !

Propos recueillis par S. Morelli

Pour lire l’article original…

Share Button